Vendredi 11 juin 2010 à 19:11

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Papier Machine est le second roman que je reçois grâce à la formidable plateforme Blog-O-Book, et une fois de plus, la magie a opéré ! Ce livre, qui ne dépasse pas les 200 pages, m'a véritablement captivée.


Elle doit apprendre à sa fille la mort de son père, dont elle est séparée depuis des années. 
Si lui a disparu, son emprise sur elle n’en est que plus forte. Ce qu’ils ont vécu, leur histoire,
elle va l’écrire. Elle transformera cet homme en personnage de papier pour reprendre le
contrôle.

En accouchant de sa propre histoire, la narratrice explore la question de l’écriture
et la nécessité de composerà la fois avec son art et sa vie.



Le premier atout de Papier Machine est sa narratrice, infirmière malgré elle, écrivain de coeur, que j'ai trouvée particulièrement attachante. Elle met tout en oeuvre pour combiner ses différentes missions quotidiennes : à la fois épouse, maman, amie, employée, créatrice, et femme à part entière, sa recherche d'équilibre, on s'en doute, s'avère tout sauf évidente.


J'ai été touchée par son histoire d'amour avec Antoine, un personnage ambigü des plus fascinants : d'humeur changeante, il passe sans transition de l'enthousiasme débordant à la noirceur la plus totale. En tant qu'écrivain sujet à l'angoisse de la page blanche, il ne parvient pas à assumer les succès littéraires de son épouse et entre dans un processus de destruction, seule échappatoire à son mal-être... Comme le dit l'auteur sur son blog (renseigné en fin d'article), ce qui les avait réuni finira donc par les séparer à tout jamais.


Le livre débute alors que notre héroïne, depuis divorcée, doit annoncer à sa fille adolescente le décès de son père. Lors de l'enterrement, la narratrice découvre la vie secrète d'Antoine, et s'en suit une construction narrative suprenante mais toujours compréhensible, qui retrace leur rencontre, leurs moments heureux et ceux moins heureux des derniers mois de leur union... 
 



La thématique de l'écriture, salvatrice pour l'héroïne, dévastatrice pour son compagnon, avec tous les risques qu'elle comporte, m'a beaucoup intéressée. Je n'ai pas pu m'empêcher de m'interroger sur la part autobiographique de ce roman, surtout lorsque l'on prend en considération les similitudes entre le parcours de l'auteur et celui de son personnage.  


Mon seul regret tient dans la fin de l'ouvrage: sans rien vous en révéler, je dirais simplement que j'aurais aimé rejoindre le moment de départ du flash back (alors que Tali a une quinzaine d'années), afin de pouvoir véritablement boucler la boucle. Sans que cela n'entache les nombreuses qualités du roman, je dois tout de même avouer que je suis restée sur ma faim !



En conclusion, je recommande ce livre aux amateurs ...

-  de livres sur les livres
-  de romans français contemporains
-  de Joanne Harris et de Chocolat (pour la beauté de la relation mère-fille que l'on retrouve ici)


 

 

Mille mercis à Blog-o-Book et aux éditions Héloïse d'Ormesson pour
cette découverte littéraire !

Vous trouverez le blog de Corinne Roche en cliquant 
ici !

 

 

Dimanche 6 juin 2010 à 15:22

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Depuis quelques mois, je m'aperçois que je m'intéresse de plus en plus au genre de la nouvelle. Il y a encore quelque temps, alors que j'étais une lectrice moins assidue, j'évitais ces récits courts, souvent étranges, qui me laissaient la tête pleine de questions et d'incompréhensions. 

J'ai redécouvert cette forme grâce à mon auteur préféré, J.D. Salinger, et ses merveilleuses Nine Stories. Depuis, je me suis plongée dans les nouvelles de Fitzgerald, et j'ai donc été ravie d'apprendre que Blog-o-Book m'avait choisie pour lire et commenter le recueil Une vraie lune de miel de l'auteur américain Kevin Canty.  
 

Un mariage fait quelques dépités parmi les invités… Sur une route du Texas, un couple au bord de la rupture fait une étrange rencontre… Un homme découvre la terrible solitude de son voisin… L’apparente convivialité et la proximité d’un groupe d’amis ne suffisent pas à masquer certaines réalités… Un homme met sa vie en danger après un malentendu… Deux frères vivent un été qui les marquera à jamais…. Une jeune femme, qui vient de perdre ses parents, rencontre un curieux couple de jeunes marginaux…

En treize nouvelles, Kevin Canty aborde des sujets qui lui sont chers avec une force remarquable et une certaine noirceur. Dans des situations d’apparence ordinaire, il parvient à faire ressortir la part d’étrangeté propre à chaque existence. Inquiétantes, baroques ou grotesques, ces nouvelles sont une formidable exploration des relations humaines saisies dans toute leur complexité.



Kevin Canty m'a instantanément embarquée grâce à son style à la fois moderne, vif, et sans concessions. Les divers protagonistes sont aussi vrais que fascinants, leurs émotions sont habilement retranscrites et deviennent dès lors communicatives pour le lecteur.

 
Le ton est doux-amer : l'auteur semble avoir un penchant pour les personnages de paumés qui font face à des situations déchirantes, mais il choisit de les aborder avec subtilité et tendresse. 


Un autre point que j'ai apprécié est l'inscription des différentes histoires dans le terroir U.S. La description des paysages, des habitations, des bars m'a donné l'impression d'avoir effectué un road-trip à travers le continent nord-américain et de partir à la rencontre de personnalités écorchées, à la façon de Norah Jones dans My Blueberry Nights. Au-delà d'une multitude d'histoires éclatées, j'ai ressenti une vraie unité au sein de ce recueil grâce à l'atmosphère que l'auteur y crée.


Les thèmes abordés se concentrent autour des relations hommes-femmes, mais s'élargissent également - au fil des nouvelles - aux questions de la famille, de l'amitié, du deuil, de la différence. J'ai été touchée par l'opportunité de rencontrer ces personnages à un moment clé de leur existence, ce qui est rendu possible par la brièveté de la nouvelle : celle-ci impose en effet un cadrage serré et donc une intensité émotionnelle supérieure aux textes plus longs. 



En conclusion, je recommande vivement cet ouvrage aux amateurs de ... 

- nouvelles

- littérature américaine

-  découvertes

-  récits humains, sincères, touchants. 

 
 

Merci mille fois à Blog-o-book et aux éditions
Albin Michel pour cette lecture plus qu'agréable !




Jeudi 3 juin 2010 à 13:17

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Souvenez-vous il y a deux ou trois semaines, au terme de ma découverte de La sorcière rousse, j'avais érigé en priorité littéraire absolue de me plonger dans l'oeuvre de Francis Scott Fitzgerald. C'est désormais chose faite, puisque j'ai refermé hier le mythique roman Tendre est la nuit


Tendre est la nuit est un roman intelligemment construit en trois parties bien distinctes, qui nous permettent de découvrir peu à peu le couple formé par les protagonistes, Nicole et Dick. La première partie est rédigée du point de vue de Rosemary, comédienne américaine à peine majeure qui rencontre le couple alors qu'il passe des vacances en compagnie d'amis dans le Sud de la France. La jeune femme est instantanément fascinée, amoureuse des époux charismatiques, insouciants et mondains. Très vite, pourtant, elle devine qu'ils dissimulent un secret... Celui-ci ne tardera pas à être découvert, donnant lieu au second livre qui prend la forme d'un flashback. Le dernier livre se déroule après ces vacances françaises et boucle l'histoire.


Il m'apparaît difficile de vous en parler davantage en évitant toute révélation, alors si vous souhaitez un jour aborder ce livre d'un oeil vierge, je vous invite à interrompre votre lecture juste ici.


Les thèmes abordés par l'auteur sont ceux de la déchéance personnelle et amoureuse. Quand Dick rencontre Nicole, il incarne la figure du sauveur: la jeune femme, traumatisée par un passé obscur, est alors psychologiquement bouleversée. Dick, psychiatre réputé autant pour ses compétences que pour ses qualités humaines, joue un rôle clé dans sa progressive guérison. La malade se raccroche à lui comme à une bouée de sauvetage, faisant du psychiatre son seul espoir et son unique repère. Les liens étant devenus trop forts, une décision doit être prise et Dick, qui refuse de cesser cette amitié, choisit de s'engager davantage auprès de Nicole et de l'épouser.
 


Le couple fonctionne dès lors sur le mode des vases communicants : alors que les crises de Nicole se raréfient, l'équilibre de Dick commence à sombrer sous l'effet des épreuves de l'existence et à grand renfort de spiritueux. Amoureux mais toujours insatisfaits, tous deux évoluent vers une lente détérioriation de leur relation qui laisse au lecteur une impression amère de gâchis. 


J'ai éprouvé quelque difficulté à rentrer dans l'ouvrage : le premier livre, narré d'un point de vue extérieur au couple, me laissait un peu sur ma faim. J'avais hâte d'entrer dans le vif du sujet, de découvrir de l'intérieur la relation de Dick et Nicole, d'en apprendre la genèse et le dénouement. Ainsi, une fois la seconde partie entamée, j'ai véritablement accroché au récit et je ne parvenais que difficilement à m'en détacher. 


Enfin, les images que j'ai choisies pour illustrer l'article ne sont pas extraites d'une éventuelle adaptation cinématographique mais bien du film My Sassy Girl étonnamment proche, somme toute, du roman de Fitzgerald. Cela paraîtra peut-être blasphématoire aux yeux des puristes, mais le personnage de Jordan, fragilisée par des évènements récents, et la fuite dans l'ivresse permettent d'opérer un parallèle intéressant entre le film et le livre. L'un finit bien, l'autre moins...
 


 

En conclusion, Tendre est la nuit est un roman unique, humain, dramatique et poignant. Je le recommande, mais plutôt aux lecteurs avertis que débutants !



 
 

Jeudi 27 mai 2010 à 18:20

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Abordant les thèmes éternels de l'amitié, de l'amour, du sexe et de la trahison, Grande Avenue raconte l’histoire de quatre femmes, quatre amies que rien n’aurait dû séparer…

Chris, Barbara, Susan et Vicki ont tout partagé. Au fil des épreuves comme des moments de joie, elles ont affronté ensemble les défis de la vie et de l’amour. Mais lorsqu'un drame cruel bouleverse leur existence, tout peut être remis en question, jusqu'à leur amitié sacrée. 

Vingt ans après leur première rencontre, l’une d’elles se penche sur les étranges détours de leur destin. Fouillant dans le passé, elle veut comprendre ce qui est allé de travers, pourquoi leur amitié s’est émoussée, comment leurs rêves sont devenus cauchemars, jusqu’à détruire des vies…

 
Grande Avenue est un livre qui m'a étonnée et dont j'ai été incapable de décrocher pendant les deux petites journées où je l'ai dévoré (il compte pourtant près de 500 pages). 

J'ai d'abord été surprise, car en découvrant la couverture du roman, je m'attendais à une version littéraire de Sex & The City, avec cet univers glamour et léger caractéristique de la Chick Lit... Pourtant, il n'en est rien : dès les premières pages, nous apprenons que les quatre héroïnes seront divisées par un drame atroce, que l'une s'avèrera une piètre amie alors qu'une de leurs filles grandira de façon inquiétante. 


Sans nuire au suspense, cette annonce n'a fait qu'attiser ma curiosité et la tension, présente dès le début, augmente considérablement au fil des pages. Ainsi, dès qu'un moment angoissant survenait, je me retrouvais agrippée au bouquin, à penser que la catastrophe évoquée était sur le point de se produire... Autant vous dire que ces quelques fausses alertes terrifiantes m'ont véritablement rendue insomniaque !

J'éprouve quelques difficultés à classer ce roman dans un genre précis, mais davantage que Sex and The City, je le rapprocherai de Desperate Housewives. Ces quatre amies, que l'on suit sur plus de vingt années, ont des vies personnelles mouvementées, connaissent de réelles tragédies, mais restent soudées... jusqu'à un certain point. 

Je n'en dirai pas plus afin de ne pas dévoiler l'intrigue, mais je vous recommande cette lecture facile et addictive ! A lire toutefois en journée plutôt qu'avant d'aller se coucher !

 

Jeudi 20 mai 2010 à 16:37

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Alors que je viens d'achever la lecture de L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet par Reif Larsen, je me suis dit qu'un long commentaire élogieux serait inutile... T.S. est le fils spirituel d'Holden Caulfield, d'Huckleberry Finn, le pendant masculin de Flavia de Luce et de Jerusha Abbot, ce livre est donc à lire, il n'y a tout bonnement rien à ajouter. 

Ceci dit, afin de conserver malgré tout une trace de ce roman pas comme les autres, je vous propose de découvrir un extrait particulièrement amusant et révélateur... 


On est un vrai adulte si...

1. On est toujours fatigué.



2. On n'a pas hâte que ce soit Noël.



3. On a très peur de perdre la mémoire.



4. On travaille dur toute la semaine.



5. On porte des lunettes de vue autour du cou et on oublie toujours qu'on porte des lunettes de vue autour du cou.



6. On prononce ces mots : "Je me rappelle quand tu étais grand comme ça" et on secoue la tête en faisant une UA-1, UA-24, UA-41, qu'on peut traduire grossièrement par : "Je suis très triste parce que je suis déjà vieux et que je ne suis toujours pas heureux".




7. On paie des impôts et on aime bien s'énerver avec d'autres adultes en se demandant "ce qu'ils peuvent bien faire avec tout le fric qu'on leur file".



8. On aime boire de l'alcool tous les soirs seul devant la télévision.



9. On se méfie des enfants et de ce qu'ils peuvent avoir derrière la tête.




10. On ne se réjouit de rien.




  

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