Vendredi 5 novembre 2010 à 18:00

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En découvrant L'héritage des Darcer parmi les partenariats de Blog-o-Book, je me suis dit : ce livre n'est pas du tout pour moi, mais je postule ! Pourquoi cette réaction contradictoire? Et bien, d'une part, parce que la fantasy est aux antipodes de mes choix littéraires habituels et que la jeunesse de l'auteur me laissait dubitative, et d'autre part, parce que ces deux éléments particuliers m'ont justement interpelée et que la curiosité a fini par prendre le dessus (enfin, tout est relatif, puisque ma décision s'est prise en une poignée de secondes, à peine). 


Lorsqu'on s'appelle Mydria, qu'on est la fille unique et chérie des puissants Siartt et qu'on a pour objectif principal d'accéder à un pouvoir plus grand encore en épousant le prince héritier du royame, la vie ne peut pas être ennuyeuse.  Jusqu'au jour où Mydria découvre ses vraies origines.  Elle n'est nullement Siartt mais l'ultime héritière d'une dynastie renversée depuis des générations!  Et pour couronner le tout, à la suite de ses ancêtres, elle est tenue de se lancer à la recherche du trésor familial, recevant pour seules aides un sifflet et le Don d'ailes, cet étrange pouvoir de métamorphoser à volonté...


Autant vous le dire tout de suite, on oublie très rapidement que Marie Caillet est à peine majeure : l'histoire est cohérente, on ne sombre pas dans la facilité, et le style est travaillé.
 A ce propos, quitte à être un peu vache, j'ai justement trouvé que l'écriture était malheureusement un peu lourde par moments, avec un côté pompeux qui, certes, impressionne mais peut également très rapidement lasser. 


Autre défaut à déplorer : les descriptions, trop longues et surtout inutiles... Je ne vous cache pas que je les ai littéralement zappées pour me concentrer sur les dialogues dès la page 100 ou 150 ,et que ma compréhension de l'histoire ainsi que mon immersion dans l'univers de l'oeuvre n'en ont aucunement souffert !  En allégeant ces parties, le récit gagnerait un rythme plus haletant, qui correspondrait d'ailleurs mieux aux péripéties de notre héroïne.


A ce titre-là, l'auteur s'en sort honorablement : Mydria est attachante, à la fois désorientée et astucieuse, fragile et battante. J'aurais aimé que la particularité de sa métamorphose trouve un sens plus profond, ait un rôle à jouer au-delà de la métaphore, mais il lui correspond cependant à merveille. Les autres personnages sont, à mon sens, moins réussis : les membres de la guilde m'ont, à peu de choses près, semblé interchangeables. J'ai regretté qu'ils ne soient pas davantage développés, différenciés (par exemple les jumeaux, dont la fraternité n'est que peu explorée). 

Quant à Orest, anti-héros et anti-prince charmant par excellence, sa complexité est intéressante, mais j'ai raté le moment où il passe d'assassin sans pitié à petit ami potentiel... Je ne suis pas parvenue à percevoir en lui cette dimension affective, pourtant indispensable à l'alchimie de tout couple de fiction. 


La fin m'a également quelque peu laissée... sur ma faim. J'avais envie de m'écrier: "Tout ça pour ça?". Je dois pourtant reconnaître que Marie Caillet a opté pour une issue en demi-teinte, qui a l'avantage d'être plus nuancée que l'éternel happy end et de laisser la porte ouverte à une éventuelle suite.



En conclusion, il se peut que mon manque de familiarité avec le genre m'ait rendue moins réceptive aux qualités de ce roman. Je dirais donc que j'ai été un peu déçue, mais que L'héritage des Darcer n'en demeure pas moins un premier roman prometteur. 

 

Lundi 6 septembre 2010 à 8:08

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Daisy, jeune new-yorkaise de quinze ans, débarque au printemps chez des cousins qu'elle n'a jamais rencontrés et qui vivent dans la campagne anglaise. Elle y découvre un univers bien différent de Big Apple, rythmé par les travaux de la ferme, les escapades à la rivière et marqué par des liens fraternels qu'elle ignorait jusqu'alors.

Mais ce monde idyllique est bouleversé lorsqu'un attentat de grande ampleur sème la panique à Londres. La tante de Daisy, immobilisée à l'autre bout du continent, ne peut pas rentrer à la maison et les cousins vont devoir s'organiser dans un climat de guerre incertain et inquiétant.




Au moment où je vous écris, cela fait une nuit que j'ai terminé ce roman et j'en ai déjà ouvert un autre, pourtant, j'ai toujours l'impression d'appartenir à l'univers dépeint par l'auteur. Je ne sais pas ce que cela signifie pour vous, mais à mes yeux, c'est la preuve imparable d'un livre sacrément réussi !



Ce qui participe à cette dimension immersive est sans conteste le décor planté par Meg Rosoff. C'est un élément dont je parle somme toute assez peu dans mes notes de lecture, mais dans ce cas précis, il s'impose de lui-même. D'une part, la description de la campagne anglaise, de ses fleurs, ses arbres, ses parfums, ses couleurs, m'a envoûtée. Sans lourdeur, l'auteur nous offre une réelle évasion au coeur d'une nature foisonnante et féerique. 


Dans un second temps, c'est l'atmosphère générale qui m'a interpellée, puisque l'histoire est contemporaine (l'héroïne a un téléphone portable, elle envoie des e-mails...) mais se déroule en temps de guerre. Cette situation politique atteint d'autant plus le lecteur qu'elle est vue à travers les yeux d'une adolescente venue d'un autre pays et qui ne comprend pas les tenants et les aboutissants du conflit. Comme Daisy, on se sent dès lors pris au piège et on se méfie de tout et de tous.



J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur, la façon dont s'exprime la narratrice : avec son langage imagé, ses jeux sur les mots et autres appartés, elle apporte une certaine légèreté au récit. Nous lisons ses moindres pensées, ce qui la rend proche et attachante. Hormis Daisy, je suis également tombée amoureuse de chacun de ses cousins : Ogbert, l'aîné et le plus discret, mais aussi et surtout l'énigmatique Edmond, le sensible Isaac et l'adorable Piper.



L'histoire n'est pas bien longue, à peine plus de 200 pages, mais j'y ai trouvé une densité narrative et émotionnelle rare. Je ne peux dès lors que conseiller How I live now (Maintenant c'est ma vie, en français), un roman qui ne laissera ni les lecteurs adolescents, ni les lecteurs adultes indifférents. 

 

 





 

Vendredi 3 septembre 2010 à 13:13

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Bien qu'ayant quitté l'adolescence depuis quelques années déjà, je suis restée attachée à la littérature de jeunesse. Au contraire de ceux qui la dénigrent, je pense qu'il faut réunir de nombreuses qualités afin de parvenir à captiver un lectorat aussi exigeant et impitoyable, et je m'amuse toujours beaucoup quand je me replonge dans l'univers des plus de quatorze ans le temps de quelques centaines de pages ! 


C'est pourquoi j'ai immédiatement accepté l'offre des Editions Plon lorsqu'elles m'ont offert de découvrir Lycée Out, le second roman de Claire Loup, en avant-première absolue ! Il faut dire que le résumé en est particulièrement attractif...




Que faire quand on a un petit ami qui a le mauvais goût de vous quitter en expédiant une carte postale sans même la glisser dans une enveloppe ? Pleurer ? Ce n'est pas le genre d'Emma. Se venger,sûrement, d'autant qu'il est davantage question d'amour-propre que de grands sentiments.

Et la vengeance d'Emma est somptueuse, imaginative, inattendue.

L'amoureuse délaissée devient une redoutable combattante,une « Napoléonienne de l'amour », comme elle se surnomme elle-même.Le seul détail que la brillante stratège a négligé, c'est qu'elle attirerait l'attention d'un garçon inconnu qui lui donnerait la réplique en se dissimulant sous le pseudo de Don Juan.





Comme vous vous en doutez, nous sommes loin de l'héroïne stéréotypée, naïve et boutonneuse. Emma est atypique, pleine d'esprit, elle réagit au quart de tour et a un avis sur tout ! Benjamin (alias Don Juan), de son côté, est un garçon plutôt instable, en manque de repères, qui s'éloigne autant de l'école que de sa famille.


J'ai apprécié l'aspect imparfait des deux protagonistes, mais plus que tout, le fait que leurs petits défauts ne donnent pas lieu à un final moralisateur. Si Emma et Benjamin fonctionnent comme des modèles, c'est uniquement sous forme d'une invitation à rester soi-même et à poursuivre sa voie en demeurant fidèle à ses aspirations personnelles. Ainsi, la Napoléonienne de l'amour refuse de se compromettre en publiant des articles démagogiques, alors que Don Juan réfléchit à un avenir professionnel qui n'inclut pas nécessairement la case études supérieures. 

 



On ressent vraiment à la lecture de ce roman que Claire Loup se place en amie de ses lecteurs plutôt que dans une quelconque posture parentale, et le récit semble dès lors délivré sur le ton de la confidence et non de la leçon à retenir.


Par ailleurs, j'ai apprécié le ton de Lycée Out, en particulier les anti-conseils d'Emma, pleins d'ironie et cyniques à souhait. Cet esprit m'a rappelé des films comme Mean Girls ou Easy A (sortie prévue début 2011) : destinés avant tout à un public jeune, ils parviennent malgré tout à retenir l'attention des adultes en raison de leur humour décapant et de l'intelligence de leur écriture. 



En conclusion, je recommande vivement Lycée Out, un bouquin malin et amusant, qui ne prend pas les adolescents pour des imbéciles juste bons à ingurgiter une énième histoire de vampires amoureux ! Une vraie bouffée d'oxygène, en vente depuis hier !


 

Je remercie Jennyfer Soulat pour ce cadeau et 
Claire Loup pour sa sympathique dédicace !




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