Vendredi 3 septembre 2010 à 13:13

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Bien qu'ayant quitté l'adolescence depuis quelques années déjà, je suis restée attachée à la littérature de jeunesse. Au contraire de ceux qui la dénigrent, je pense qu'il faut réunir de nombreuses qualités afin de parvenir à captiver un lectorat aussi exigeant et impitoyable, et je m'amuse toujours beaucoup quand je me replonge dans l'univers des plus de quatorze ans le temps de quelques centaines de pages ! 


C'est pourquoi j'ai immédiatement accepté l'offre des Editions Plon lorsqu'elles m'ont offert de découvrir Lycée Out, le second roman de Claire Loup, en avant-première absolue ! Il faut dire que le résumé en est particulièrement attractif...




Que faire quand on a un petit ami qui a le mauvais goût de vous quitter en expédiant une carte postale sans même la glisser dans une enveloppe ? Pleurer ? Ce n'est pas le genre d'Emma. Se venger,sûrement, d'autant qu'il est davantage question d'amour-propre que de grands sentiments.

Et la vengeance d'Emma est somptueuse, imaginative, inattendue.

L'amoureuse délaissée devient une redoutable combattante,une « Napoléonienne de l'amour », comme elle se surnomme elle-même.Le seul détail que la brillante stratège a négligé, c'est qu'elle attirerait l'attention d'un garçon inconnu qui lui donnerait la réplique en se dissimulant sous le pseudo de Don Juan.





Comme vous vous en doutez, nous sommes loin de l'héroïne stéréotypée, naïve et boutonneuse. Emma est atypique, pleine d'esprit, elle réagit au quart de tour et a un avis sur tout ! Benjamin (alias Don Juan), de son côté, est un garçon plutôt instable, en manque de repères, qui s'éloigne autant de l'école que de sa famille.


J'ai apprécié l'aspect imparfait des deux protagonistes, mais plus que tout, le fait que leurs petits défauts ne donnent pas lieu à un final moralisateur. Si Emma et Benjamin fonctionnent comme des modèles, c'est uniquement sous forme d'une invitation à rester soi-même et à poursuivre sa voie en demeurant fidèle à ses aspirations personnelles. Ainsi, la Napoléonienne de l'amour refuse de se compromettre en publiant des articles démagogiques, alors que Don Juan réfléchit à un avenir professionnel qui n'inclut pas nécessairement la case études supérieures. 

 



On ressent vraiment à la lecture de ce roman que Claire Loup se place en amie de ses lecteurs plutôt que dans une quelconque posture parentale, et le récit semble dès lors délivré sur le ton de la confidence et non de la leçon à retenir.


Par ailleurs, j'ai apprécié le ton de Lycée Out, en particulier les anti-conseils d'Emma, pleins d'ironie et cyniques à souhait. Cet esprit m'a rappelé des films comme Mean Girls ou Easy A (sortie prévue début 2011) : destinés avant tout à un public jeune, ils parviennent malgré tout à retenir l'attention des adultes en raison de leur humour décapant et de l'intelligence de leur écriture. 



En conclusion, je recommande vivement Lycée Out, un bouquin malin et amusant, qui ne prend pas les adolescents pour des imbéciles juste bons à ingurgiter une énième histoire de vampires amoureux ! Une vraie bouffée d'oxygène, en vente depuis hier !


 

Je remercie Jennyfer Soulat pour ce cadeau et 
Claire Loup pour sa sympathique dédicace !




Mardi 31 août 2010 à 18:04

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Roses à crédit est un roman que j'ai découvert suite à la recommandation plus qu'enthousiaste de ma maman. Ses conseils littéraires valant leur pesant d'or, je n'ai pas hésité à me plonger sans plus attendre dans la prose de Madame Louis Aragon... 



La nature a beaucoup donné à Martine, les hommes peu. Elle est belle, elle a le rare don d'aimer. Mais à notre âge de nylon, elle est venue au monde dans des conditions de l'âge de pierre. Aussi le confort moderne, le cosy-corner, seront-ils son premier idéal, et le métier de manucure parmi les miroirs et les parfums d'un salon de coiffure suffit à ses rêves de beauté. Elle est en cela semblable à des millions d'êtres.

Daniel Donelle, l'amour de Martine, est déjà au-delà de cet idéal électroménager. Rosiériste ; touché par l'aile de la science, il rêve à un rose nouvelle qui aurait la forme de la rose moderne, et le parfum inégalable de la rose ancienne.

Un jour, Daniel créera la rose parfumée Martine Donelle, mais elle ne sera plus un hommage qu'à la souffrance. 




Ma première remarque suite à cette lecture concerne la thématique centrale du roman : la société moderne. Martine est avide de jolis objets et profite jusqu'à l'abus des opportunités de son temps et des tristement célèbres "facilités de paiement", tandis que Daniel occupe une position plus intermédiaire, avant-gardiste au sein de sa science, conservateur dans le domaine des goûts.  

L'auteur traite de la question du progrès et de la façon dont on peut s'en emparer, pour le meilleur comme pour le pire. Ce propos, d'une actualité saisissante, nous ferait presque oublier que Roses à crédit a été publié en 1959 !


J'ai particulièrement apprécié la façon dont Elsa Triolet conçoit le personnage de Martine. Si son univers se limite aux produits de beauté et aux meubles en kit et que ses sujets de conversation demeurent irrévocablement superficiels, Martine est cependant loin d'être écervelée. Elle possède au contraire une intelligence certaine qui lui permet de tout mettre en oeuvre pour parvenir à ses fins.


Par ailleurs, sa soif de beauté et de propreté n'est pas qu'une lubie, elle trouve son origine dans les conditions de vie déplorables qui étaient les siennes jusqu'à l'adolescence. En plus d'être un personnage nuancé, Martine est donc une héroïne touchante... bien que souvent exaspérante !


L'issue de cette histoire est à la hauteur de la vie de Martine : théâtrale, dramatique, inéluctable. Une leçon doit être tirée, et l'on ressent alors réellement la dimension critique de l'ouvrage, qui selon moi s'attaque cependant davantage à la société de consommation qu'aux consommateurs eux-mêmes. 

 


Pour toutes ces raisons, je recommande mille fois Roses à crédit qui développe avec beaucoup de subtilité un personnage d'irrésistible acheteuse compulsive... près de cinquante ans avant Sophie Kinsella et son accro du shopping !

 

 

Lundi 23 août 2010 à 11:00

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Comme Camille, l'héroïne qui reçoit alors qu'elle ne s'y attendait pas des lettres particulièrement mystérieuses, j'ai eu la chance de voir arriver dans le courrier une grande enveloppe contenant ce livre encore introuvable en librairie. L'auteur souhaitait me le faire parvenir, ce qui ne m'arrive pas tous les jours, et c'est donc avec un a priori franchement positif que j'ai commencé cette lecture. Pourtant, l'enthousiasme que je vais tâcher d'insuffler à cet article n'a rien d'artificiel : en effet, j'ai sincèrement adoré ce roman !



Au milieu des mots de condoléances qu'elle reçoit à la mort de sa mère, Camille découvre une étrange lettre envoyée par un expéditeur inconnu.

Elle croit à une erreur mais, les semaines suivantes, une nouvelle lettre arrive, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés.

Peu à peu, Camille comprend que cette correspondance recèle un terrible secret qui la concerne.

Machination diabolique sur fond de Seconde Guerre mondiale, ce roman mêle récit historique et suspens psyhologique dans un scénario implacable.




Il m'apparaît assez ardu de vous faire part de tout ce que j'ai aimé sans trop en dire quant à l'intrigue. Alors je vais rester en territoire sûr : la première chose qui m'a plue est la construction du roman. Celle qui apparaît d'emblée comme le personnage principal, Camille, se voit secondée par trois autres narrateurs dans des récits enchâssés réellement passionnants. En plus de la police qui est modifiée lors de ces interventions (qui prennent parfois largement le dessus sur l'histoire de Camille), on ressent une subtile nuance dans le style qui nous permet d'être véritablement immergés dans l'univers dépeint - celui des années 30 et 40. 


Ce dernier élément m'offre une transition toute trouvée vers la question de l'écriture d'Hélène Grémillon. J'ai apprécié son style, qui est à la fois épuré et imagé, brut et féminin. J'ai apprécié la façon dont elle joue sur les mots, sans lourdeur. 


Enfin, le plus important à mes yeux reste l'intrigue. Sans être à proprement parler révolutionnaire, la découverte des origines qu'entreprend Camille malgré elle est amenée progressivement, au compte-goutte, par l'intermédiaire des lettres de Louis. Mais une fois que le voile commence à se lever, je me suis retrouvée bien incapable de refermer le livre ! J'ai aimé découvrir les deux, ou plutôt les trois côtés de l'histoire, et j'ai apprécié que l'auteur ne cherche pas à trancher en favorisant une version plutôt qu'une autre, malgré leurs divergences évidentes.


 
En conclusion, Le confident est un premier roman prometteur, accrocheur et intelligent, qui se lit en quelques heures à peine ! Je vous recommande de vous ruer dessus dès sa sortie, le 26 août !


 
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Merci à Hélène Grémillon et à Jennyfer
 Soulat des Editions Plon pour ce cadeau !

 

Vendredi 20 août 2010 à 9:32

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C'est avec un peu de tristesse que je poste cette note : en effet, je viens de terminer la lecture du tome III de Lili Klondike.. Et je sais qu'il n'y aura pas de quatrième volume à ces aventures qui m'ont enchantée. Il semble bien que je sois en train de devenir une vraie lectrice sentimentale, même si je suis persuadée de ne pas être la seule à avoir éprouvé quelques difficultés à abandonner le Yukon et ses héroïnes uniques en leur genre !  

 

Juin 1898. La ruée vers l'or dure depuis un an et ce sont plus de quarante mille personnes qui peuplent désormais le nouveau territoire du Yukon. Après une série d'aventures, Rosalie et Liliane ont atteint le Klondike le coeur rempli d'espoir. Loin d'être pavées d'or, cependant, les rues de Dawson sont semées d'embûches.



En me plongeant dans ces pages, j'ai eu le bonheur de retrouver tous les éléments qui me plaisent tant dans cette saga : péripéties, dangers, rebondissements en séries ... Cependant, ce tome conclusif est sans conteste le plus sombre de la série. 

Ce qui nous semblait assuré dans le volume précédent se voit remis en question voire balayé d'un revers de main, et l'on s'aperçoit plus que jamais que l'univers du Klondike se caractérise avant toute chose par son extrême instabilité. 

Par ailleurs, c'est le côté obscur de chaque personnage qui nous est cette fois dévoilé. Même les deux Lili se révèlent de moins en moins irréprochables, leur soif de fortune les rendant prêtes à tout... ou presque !  Alors que Rosalie se retrouve actrice, Liliane s'avère une femme d'affaires redoutable, et lorsque que l'or s'ammoncelle, les réputations sont de plus en plus difficiles à préserver. Loin de me décevoir, ce développement de l'histoire m'a paru interpellant et réaliste. 

Sans trop en dire, je préciserai simplement que la fin de la série se situe dans cette lignée. Comme je vous le disais, je dois être devenue gravement fleur bleue car j'espérais un vrai happy end. Mais j'ai eu tort de souhaiter une issue hollywoodienne car, dans le Yukon, toutes les histoires ne finissent pas bien et la ruée vers l'or n'a d'idylliques que les espoirs que l'on place en elle.  


En conclusion, je ne peux que vous recommander cette superbe trilogie, bien écrite, richement documentée, et incroyablement addictive ! 

 

Merci à Sophie Méley-Daoust et Julie Turcot
(VLB éditeur w l’Hexagone wTypo) 
de m'avoir si gentiment offert ce troisième tome !




 

Vendredi 13 août 2010 à 14:28

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Pour Pandora Petersen, il n’y aura pas de Noël en famille. Doris, sa mère, vient d’être enterrée. Ellroy, son père et Tom, son frère, ont regagné l’Idaho. Dans son appartement de Los Angeles, transformé en camp retranché, la jeune femme rumine son chagrin jusqu’à ce qu’elle reçoive une lettre de condoléances glissée dans une gerbe de lys — les fleurs préférées de Doris. Son auteur, un certain Gil Sanders, conseille à Pandora de prendre contact avec Rebecca, une amie de sa mère, qui aurait, laisse-t-il entendre, des révélations à lui faire.

Pandora ne supporte pas de se voir dicter sa conduite. Mais elle ne comprend pas non plus pourquoi cette intime de Doris n’est pas venue à l’enterrement, ne s’est même pas manifestée. Elle finit donc par appeler Rebecca Hamilton, qui l’invite à passer quelques jours chez elle, à Santa Fe.

Au volant de sa Honda délabrée, la jeune femme entame un étrange voyage en forme de jeu de piste. Elle progresse entre grands espaces et sentiment de perte, chaos urbain et souvenirs d’enfance. Messages sybillins, rencontres tour à tour inquiétantes et cocasses ponctuent sa route. De motels miteux en snacks déserts, de serveurs taciturnes en pompistes tatoués, d’embouteillages urbains en tempêtes de neige, elle se rapproche, sans le savoir, d’un secret bien gardé.




Etrangement, plus j'aime un livre, plus j'éprouve des difficultés à en parler de façon rationnelle. Ne vous fiez donc pas à la médiocrité de mon article : ce roman est une merveille !


Tâchons cependant de pointer quelques éléments qui font de Desert Pearl Hotel un livre que je garderai précieusement, pour toujours. La première chose qui m'a frappée est la qualité de l'écriture. Le rythme des phrases (ce critère m'obsède) est parfaitement mesuré, les images sont vivantes, aucun mot ne paraît choisi au hasard, le style est vraiment personnel. Grâce aux comparaisons d'une justesse incroyable, à la narration proche de la réflexion intérieure, on peut réellement comprendre l'héroïne, compatir à sa souffrance et (dans mon cas, du moins) s'y identifier.


En effet, Pandora est inévitablement l'une des clés de la réussite du roman. Imparfaite, légèrement névrosée, elle intellectualise trop mais ses faiblesses ne la rendent que plus attachante. Sa description physique est plus que sommaire, puisqu'en vérité, on ne connaît que la couleur de ses cheveux, mais cela suffit à l'imaginer, à la connaître en quelque sorte. 


Le personnage de Doris, sa mère qu'elle n'appelle pas maman, n'a rien à lui envier. Déjantée et instable, elle nous est dévoilée par les anecdotes que Pandora distille au fil des pages (et qui sont signalées par une marge plus large, ça m'a plu). Leurs personnalités, divergentes (du moins en apparence), installent une distance entre elles et ce n'est qu'à la mort de Doris que Pandora réalise le degré de superficialité atteint par leur relation durant les dernières années. Il ne lui reste qu'un moyen pour percer le mystère de sa mère : suivre les indications de Gil Sanders, lapin blanc toujours plus insaisissable, et remonter jusqu'à Rebecca Hamilton, le temps d'un road trip chaotique et éreintant. 


Dès les premières pages, j'ai ressenti quelque chose de familier à la lecture de Desert Pearl Hotel. Assez rapidement, j'en ai identifié la source :  cet attachement insensé que j'éprouvais envers ce personnage de fiction paumé n'était pas neuf pour moi, et je l'expérimente d'ailleurs à chaque fois que je relis mon roman préféré entre tous, L'attrape Coeurs. Je trouvais sans cesse des parallèles entre ces deux livres (j'aimerais vous citer des exemples mais je refuse de vous gâcher cette découverte) et cela m'a été confirmé par la référence de la page 211 (je ne la citerai pas non plus, vous irez la lire). Je n'ai pas pu m'empêcher d'en toucher un mot à l'auteur, qui m'a très gentiment répondu que mon intuition était la bonne. J'en étais sûre !


J'aurais pu encore vous parler de beaucoup, beaucoup de choses,  mais je terminerai simplement en disant que j'ai été très fière de découvrir Desert Pearl Hotel avant tout le monde... Que ce premier roman est une réussite absolue (il me fait perdre mes mots, ce qui n'est pas peu dire)... Que je suivrai de très près les publications à venir de Pierre-Emmanuel Scherrer... Et surtout, que je vous oblige invite à l'acheter dès sa sortie en librairie, le 19 août !


 


Mille mercis à Blog-o-Book et aux éditions
La Table Ronde pour ce partenariat !


 



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