Mardi 31 août 2010 à 18:04

http://un-livre-a-la-main.cowblog.fr/images/roseacredit.jpg

Roses à crédit est un roman que j'ai découvert suite à la recommandation plus qu'enthousiaste de ma maman. Ses conseils littéraires valant leur pesant d'or, je n'ai pas hésité à me plonger sans plus attendre dans la prose de Madame Louis Aragon... 



La nature a beaucoup donné à Martine, les hommes peu. Elle est belle, elle a le rare don d'aimer. Mais à notre âge de nylon, elle est venue au monde dans des conditions de l'âge de pierre. Aussi le confort moderne, le cosy-corner, seront-ils son premier idéal, et le métier de manucure parmi les miroirs et les parfums d'un salon de coiffure suffit à ses rêves de beauté. Elle est en cela semblable à des millions d'êtres.

Daniel Donelle, l'amour de Martine, est déjà au-delà de cet idéal électroménager. Rosiériste ; touché par l'aile de la science, il rêve à un rose nouvelle qui aurait la forme de la rose moderne, et le parfum inégalable de la rose ancienne.

Un jour, Daniel créera la rose parfumée Martine Donelle, mais elle ne sera plus un hommage qu'à la souffrance. 




Ma première remarque suite à cette lecture concerne la thématique centrale du roman : la société moderne. Martine est avide de jolis objets et profite jusqu'à l'abus des opportunités de son temps et des tristement célèbres "facilités de paiement", tandis que Daniel occupe une position plus intermédiaire, avant-gardiste au sein de sa science, conservateur dans le domaine des goûts.  

L'auteur traite de la question du progrès et de la façon dont on peut s'en emparer, pour le meilleur comme pour le pire. Ce propos, d'une actualité saisissante, nous ferait presque oublier que Roses à crédit a été publié en 1959 !


J'ai particulièrement apprécié la façon dont Elsa Triolet conçoit le personnage de Martine. Si son univers se limite aux produits de beauté et aux meubles en kit et que ses sujets de conversation demeurent irrévocablement superficiels, Martine est cependant loin d'être écervelée. Elle possède au contraire une intelligence certaine qui lui permet de tout mettre en oeuvre pour parvenir à ses fins.


Par ailleurs, sa soif de beauté et de propreté n'est pas qu'une lubie, elle trouve son origine dans les conditions de vie déplorables qui étaient les siennes jusqu'à l'adolescence. En plus d'être un personnage nuancé, Martine est donc une héroïne touchante... bien que souvent exaspérante !


L'issue de cette histoire est à la hauteur de la vie de Martine : théâtrale, dramatique, inéluctable. Une leçon doit être tirée, et l'on ressent alors réellement la dimension critique de l'ouvrage, qui selon moi s'attaque cependant davantage à la société de consommation qu'aux consommateurs eux-mêmes. 

 


Pour toutes ces raisons, je recommande mille fois Roses à crédit qui développe avec beaucoup de subtilité un personnage d'irrésistible acheteuse compulsive... près de cinquante ans avant Sophie Kinsella et son accro du shopping !

 

 

Par Catherine-Marie le Mardi 31 août 2010 à 20:01
C'est tellement vrai et tellement moderne ( il suffirait de changer les prénoms...).Heureuse que ce livre t'ait plu!
Par Lilyvia le Mardi 31 août 2010 à 21:40
Si la couleur te plait , je serai heureuse de te l'offrir car elle n'ira plus sur mes ongles.Tiens moi au courant.
Par Vintage hype le Jeudi 2 septembre 2010 à 9:01
Le titre semble tellement "moderne". J'aime bien la comparaison avec Sophie Kinsella meme si d'après la lecture de ton article ça à l'air un peu plus.. dramatique^^
Par Saleanndre le Lundi 13 septembre 2010 à 18:04
Moi aussi j'ai adoré ce roman, et je suis surprise de voir que toi aussi tu l'as lu récemment, d'autant qu'il n'est guère connu... :)
Heureuse de rencontrer ton blog également!
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://un-livre-a-la-main.cowblog.fr/trackback/3034044

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast